1. |
Bain d'épices
03:47
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Ta salive en janvier
C’est de l’huile d’olivier
Tu ris en février
Aux éclats de poivrier
Mars et ses grains navrants
Te font rire jaune safran
Ton sourire en avril
Se découvre chlorophylle
Je veux ta bouche, ma métisse
Qu’elle m’éclabousse, bain d’épices
Je veux ta bouche
Ta langue-feuille en mai
Se fait menthe parfumée
Ton haleine en juin
A la fraicheur du cumin
Juillet : tes lèvres sont
Cannelle en petits bâtons
Tes dents blanches au mois d’août
Se changent en noix de cajou
Je veux ta bouche, ma métisse
Qu’elle m’éclabousse, bain d’épices
Je veux ta bouche
Dans tes joues en septembre
On égrène la coriandre
Octobre : ton palais
De coco est plein de lait
Ton humour en novembre
A le piquant du gingembre
Décembre : tes baisers
Goûtent les baies écrasées
Et dans ta bouche, ma métisse
Un arrière-goût d’accent british
D’une zoulou, tu as les cuisses
Les taches de rousseur d’une angliche
Je veux ta bouche « jus de réglisse »
Qu’elle m’éclabousse à l’infinish
Je veux ta bouche
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2. |
Les entredévorés
03:05
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On pouvait déjà lire dans
Nos regards en chiens de faïence
Qu’on ne sortirait pas vivants
De cette auberge en défaillance
Ah ! Depuis l’aube, on salivait
On se rêvait en entrecôtes
Affamés, on se demandait
Qui de nous deux, qui le premier
Aurait fini de manger l’autre
À peine sortis de l’étable
On a mis nos pieds sous la table
On s’est fait du pied, indomptables
On a fini par rendre instables
Trois des quatre pieds de la table
On n’était pas dans notre assiette
Qu’on s’entredévorait des yeux
En deux cuillères, trois fourchettes
On les a gobés, ces quatre œufs
On a mis nos pieds dans le plat
Nos jambons et nos avant-bras
C’était à se lécher les doigts
De manger ta première main
Sans garder l’autre pour demain
Coups de dents, découpes au couteau
Dedans ton cou, dedans mon dos
Il ne nous restait que les os
Quand on a retiré la moelle
Qu’on a fait rôtir à la poêle
Puis, on a vu nos âmes d’ogre
Soufflées par la hotte électrique
Se confondre avec le désordre
D’un ciel rose psychédélique
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3. |
La moustache
02:50
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Je suis en nage
Non, je n’en crois pas mes lunettes
Quoi ? À mon âge
Tomber pour un surfeur à minettes !
Quand ce mec roule des mécaniques
Moi je m’écroule, je panique
Quand ce mec roule des mécaniques
Je fonds, je coule, je Titanic
Quand ce mec roule dans sa Lotus
Et qu’il déboule comme Spartacus
J’écrase la foule, je m’ prends un bus
Je perds du fuel, malus malus
Je pique un fard
Sur sa fusée, je reste braquée
J’ai le teint blafard
Quand Mélanie m’apprend qu’il est gay
Oui, ce mec roule des patins
À des gars saouls jusqu’au matin
Il bouge son boule comme une catin
Pour qu’on lui secoue le popotin
La vie est moche
Être une fille, je le paie cash
Mais, dans ma poche
J’ai tout prévu, j’ai une moustache
Vas-y, approche
Viens te coller à ma moustache
Que je décoche
Dans ton cœur nu ma flèche d’apache
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4. |
Le carré blanc
03:46
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Chaque endroit où elle passe est un lieu de délices
Je vais de case en case et de square en carrefour
Curieux de voir où la gazelle va se poser
Je laisse entre elle et moi quelques mètres, au moins six
Lui donne carte blanche quant au choix du parcours
Pourvu qu’au bout de la danse, il y ait un baiser
Ses épaules au soleil sont un bouquet de roses
Je reçois sans compter ses taches de rouquine
Et les perles de beauté qu’offre son échine
Sa nuque et son dos, c’est tout ce qu’elle propose
Mon regard a crevé cet écran. J’imagine
Ses pommes nues collées à sa chemise fine
Elle entre dans le parc, la mine réjouie
Voyant que se libère, à l’ombre, un banc public
Elle s’y couche et déjà son ventre s’assoupit
Elle plie ses jambes comme on plie un parapluie
Écarte les genoux, dernière gymnastique
Le vent fripon s’amuse à gonfler ses habits
Il ne manque pas d’air, veut la déshabiller
Fait remonter sa jupe jusqu’à la ceinture
Je m’approche à pas sourds de son corps détendu
Je vois par le jour de ses cuisses entrebâillées
Le linge du dessous, l’intime couverture
Du jardin secret de son abricot fendu
C’est sous cette chaleur, c’est en déambulant
Que la sueur a dû sculpter ces commissures
Donner une impression de vie à ce tissu
Je devine dans les plis de ce carré blanc
La forme de ses lèvres, divine fissure
Dont l’odeur suave m’enivre à son insu
Je me suis assis sans qu’elle ne s’en rende compte
J’ai humé le nectar parfumé de sa fleur
Et j’ai scruté ce morceau d’étoffe en tremblant
Les mains coincées entre le désir et la honte
Je n’ai pas fait un geste. Pourtant, ma liqueur
Discrètement a jailli dans mon carré blanc
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5. |
Rossignolet du bois
03:54
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Rossignolet du bois, rossignolet sauvage
Apprends-moi ton langage, apprends-moi-z-à chanter
Et dis-moi la manière comment il faut aimer
Comment il faut aimer je m’en vais te le dire
Faut aller voir la fille faut l’aller voir souvent
Et lui dire la belle je serai votre amant
La belle on dit partout que vous avez des pommes
Des pommes de reinette dedans votre jardin
Permettez-moi la belle que j’y porte la main
Non je ne permets pas que l’on touche à mes pommes
Apportez-moi la lune, le soleil à la main
Vous toucherez les pommes qui sont dans mon jardin
Le jeune amant s’en va là-haut sur la montagne
La lune elle est trop haute, le soleil est trop loin
La chose fut impossible, la belle le savait bien
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6. |
Abracadabranche
01:37
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Elle :
Sois l’arbre à quatre branches
Sur lequel je me penche
Abracadabranche-toi à moi
Lui :
Que les bras de tes hanches
M’enlacent, m’avalanchent
Abracadabranche-moi à toi
Elle et lui :
On se frôle
On s’effleure
On se flamme
On se flore
Lui :
En ta fleur
Ma flèche
Pleure de joie
Elle :
Et ma fleur
Flammèche
De ton bois
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7. |
Mûres
03:25
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Elle vient de raconter
Que petite elle ramassait des mûres
Sauvage, elle les mettait
Dans la poche
Vide
De sa robe blanche
Il imagine sur le blanc de ses hanches
Des auréoles mauves de fruits trop mûrs
Sans même la toucher
Il la sent au bout de ses doigts
Puis venant le toucher
Elle prend
Sa force
Dans sa main
Et leurs cerveaux se ratatinent comme
Un chemin de mille feuilles mortes
Elle enroule ses pieds
Autour de lui comme une clé
Elle veut le garder
Elle place
Sa force
Dans les reins
Et le violet des mûres fraiches
Coule le long de leurs jambes nues
Elle devient jeune et jolie
Des bouts de couleurs flottent en elle
Elle rit entre ses jambes
Il prend
Sa bouche
Comme une fraise
Et ils avalent tout un arc-en-ciel
Puis se mettent à ne plus bouger
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8. |
Qadryptig
07:10
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I. PENN AR BED
Le vent frissonne
De l’envol des goélands
Qui n’ont que le poisson en tête
Le soleil donne
Ses derniers rayons aveuglants
À l’océan qui les reflète
Au loin
Les esprits des bateaux naufragés
Refont surface
Jumelles en main
Sur la falaise, protégé
De toute menace
Je vois l’ombre de la mort
C’est l’Ankou qui passe
II. DES CORDES À REMONTER LE TEMPS (instrumental)
III. LE PRESSENTIMENT DE YANN
J’ai jamais voulu être marin
Encore moins capitaine
Se dit Yann en pensant à sa Gwen
La mer a pris un air trop serein
Elle a mauvaise haleine
Yann s’attend à ce qu’elle se déchaîne
IV. BAIN DE SANG
Je vois des voix
Dans les flots de sel
Qui fusent en tourbillonnant
Fuyons ces voix
Sangsues sensuelles
Qui nous préparent un bain de sang !
Les femmes-poissons appellent
Vit’, les gars, les boules de cire !
Leurs queues telles des scalpels
Quadrillent la mer qui transpire
Les gars sont morts, ma belle
Je m’attache à ton souvenir
Les femmes-hameçons m’appellent
Je crie ton nom pour les faire fuir !
Viens chasser la grisaille
Aux creux de mes écailles
Laisse le gouvernail
Aux mains du vent
Viens jouer dans les mailles
De mon sexe corail
Tout au fond de l’océan
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9. |
Tandoori
03:48
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Ta poitrine endormie transpirait les secondes d’une longue journée d’hiver. Ton sein gauche me souriait nonchalamment. Je déteste broyer du blanc. Faut voir, après, les cernes de panda que je me paie.
Je me tournais, retournais, accroché au fil de cette nuit sans sommeil. Je me concentrais tant et tant que j’en suis devenu minuscule.
Pour sortir des vagues immenses de notre lit, j’ai grimpé au sommet de ton sein gauche où j’ai tout de suite remarqué une légère fissure qui faisait le tour de ton mamelon. Je me suis approché pour voir si c’était une blessure. Et l’entaille s’est creusée, creusée, creusée devant moi. Le téton a fini par s’ouvrir tel un chapeau qu’on enlève.
En me penchant pour regarder à l'intérieur du cratère, j’ai été aspiré dans la spirale d'un toboggan lactifère qui débouchait au centre de la caverne mammaire. C’était la case départ d’une plaine de jeux dangereux :
Le Vaisseau cardiaque
L’Arbre thoracique
La Muraille vertébrale
La Calotte hantée.
De la plus haute de ces attractions, j’ai plongé la bouche ouverte dans ton rêve. Je sentais bien que tu me regardais bizarrement. Du coup, je t’ai récité la recette du poulet tandoori. Tu m’as remercié d’un regard empli de salive. Et puis, j’ai traversé le tunnel de ta narine droite pour me vautrer, épuisé d’extase, sur le cuir de tes lèvres qui sentaient bon le sable rose de Morphée.
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Guillemot et la Folle de Bassan Court St. Etienne, Belgium
Guillemot et la Folle de Bassan trempent leurs plumes et leurs becs dans les veines des musiques folks – principalement
celles des années 60 et 70 – et apportent un grand soin aux textes.
En octobre 2019, sort Le carré blanc, leur premier album en commun qui rassemble neuf histoires chantées sur le désir.
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